Comment profiter de la vie en glorifiant Dieu?

Joie

Le bonheur fait l’objet de nombreuses chansons, fait les titres des magazines et des articles de blog, et de recettes du genre: « 8 moyens scientifiques d’être heureux », « Comment être heureux cet été » ou « 10 raisons de commencer à être heureux ». Mais devrions-nous chercher à être heureux? Et le peut-on?

Tout le monde recherche le bonheur

Pascal, le célèbre philosophe du 17e siècle, le disait déjà:

Tous les hommes désirent être heureux; cela est sans exception. Quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que l’un va à la guerre, et que l’autre n’y va pas, c’est ce même désir qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions des hommes.

C’est aussi l’un des thèmes d’un livre souvent aimé, mais qui demeure obscur pour beaucoup: le livre de l’Ecclésiaste. Une lecture superficielle du livre peut nous faire passer à côté de son vrai sens. On dit souvent que son auteur est pessimiste, alors qu’il est réaliste: il regarde la condition humaine en face, sans maquillage. Un passage connu nous éclaire sur la vision de la vie de l’Ecclésiaste, qu’il faut bien sûr replacer dans le contexte du livre, il se trouve en Ecc 3.1-15. Tu peux le lire avant de continuer l’article.

La vie est frustrante sous le soleil

Les premiers versets (Ecc 3.1-8) sont censés décrire l’ensemble de l’activité humaine. Cette liste nous montre une réalité que tout le monde a déjà expérimentée: dans la vie il y a des bons et des mauvais moments, qui se succèdent. On ne contrôle pas les saisons de la vie. Le temps parait parfois nous infliger des situations que nous n’avons pas choisies, à un moment que nous n’avons pas choisi. Ce que veut dire l’Ecclésiaste dans ce poème, c’est que la vie s’enchaine, sans qu’on puisse savoir ce qui vient après. Dans un sens, on peut trouver cela réconfortant, parce qu’on sait que l’épreuve fera place à la joie: après la pluie, le beau temps. Mais cela veut aussi dire que les épreuves peuvent nous toucher, à n’importe quel moment.

Le verset suivant (Ecc 3.9) souligne aussi cette réalité: si tout s’enchaine sans qu’on puisse rien contrôler, alors que peut-on espérer retirer de notre travail? Ce verset montre une réalité que l’Ecclésiaste soulève peut-être mieux que n’importe quel livre de la Bible, et c’est ce qui nous touche dans ce livre: la vie est pleine de frustrations. Si la poésie nous parle tant dans la Bible (Psaumes, Proverbes, Job, Ecclésiaste), c’est parce qu’elle parle de la vie telle qu’elle est: parfois dure, parfois belle, souvent frustrante.

C’est un des thèmes qui revient dans l’Ecclésiaste, sûrement ce qu’on connait le mieux, et peut-être une des phrases les plus connues de la Bible: « Vanité des vanités, tout est vanité. » (Ecc 1.2) Que voulait dire l’auteur quand il disait cela? À première vue, on pourrait penser qu’il veut dire que « rien ne vaut le coup », ou que « tout ne vaut rien ».

Mais ce n’est pas le cas, pour au moins 2 raisons: d’abord, même si tout est vanité, l’Ecclésiaste soutient que (1) certaines choses valent mieux que d’autres et (2) que l’on peut trouver du plaisir dans les petites choses de la vie: le manger, le boire et le travail… En fait, ce que veut dire l’auteur, c’est que rien, sur cette terre, ne pourra nous satisfaire vraiment. Il veut nous enlever l’illusion qu’on pourrait trouver quelque chose qui fasse pleinement notre bonheur en ce monde, ou comme il le dit, « sous le soleil ».

Chercher le bonheur au mauvais endroit

Au début du livre, l’Ecclésiaste liste tout ce qu’il a fait pour trouver le bonheur, tous les endroits, toutes les expériences: il a recherché dans la sagesse et dans la connaissance, dans la folie et la stupidité, en vain. Il a essayé de trouver sa joie dans l’ivresse, dans les grands projets, dans les possessions et les richesses, dans la sexualité, dans le divertissement, tout cela en vain. On est frappé de voir qu’il n’y a, comme le dit l’auteur, « rien de nouveau sous le soleil ». (Ecc 1.9) L’homme essaie toujours aujourd’hui d’atteindre le bonheur par ces moyens-là: divertissement, sexe, richesses, connaissance, bonne conduite, carrière, ivresse…

Mais nous le savons tous, rien de tout cela ne peut apporter le vrai bonheur, celui auquel on aspire tous, celui qui étancherait notre soif. On peut trouver des verres d’eau, ici et là, mais on aspire tous à une oasis qui ne tarit jamais. La vanité que décrit l’Ecclésiaste, c’est le cri de frustration qu’on a tous un jour poussé. On a tous eu l’impression, un jour ou l’autre, que le jeu n’en valait pas la chandelle. Que de toute façon, tout cela passera, et qu’à la fin, on mourra. On sait tous qu’on ne pourra rien emporter et que la vie peut s’achever à chaque instant. On voit tous qu’il y a de l’injustice sur terre.

Les petits bonheurs

Et pourtant, il y a des choses dans la vie qui nous apportent du bonheur, même s’il est relatif. C’est ce que nous lisons dans les versets suivants (Ecc 3.12-13), dans lesquels l’auteur reconnait que l’on peut, malgré tout, se réjouir de la vie que nous avons. Au milieu des épreuves et de cette dure vie, nous devons nous réjouir des plaisirs simples de la vie, en reconnaissant que tout nous vient de Dieu.

Cette invitation à profiter des bonheurs de la vie est un refrain du livre de l’Ecclésiaste, qui revient à plusieurs reprises (Ecc 2.13, 24-26; 3.9-14, 22 5.18-19; 8.15; 9.7-10). On retrouve un certain nombre de tensions dans ce livre, qui font écho à nos propres vies. Par exemple, il y a une tension entre ce constat de vanité et cette invitation à jouir des plaisirs simples de la vie.

Mais en replaçant tout cela dans le contexte de la vanité, l’Ecclésiaste évite deux extrêmes dans lesquels nous pouvons facilement tomber.

(1) Le premier extrême serait de dire que nous ne devrions pas profiter des plaisirs de la vie comme manger, boire ou travailler. On retrouve cette idée dans l’ascétisme, chez les gens qui se privent de manger ou de boire, ce qui les rendrait plus spirituels.

Au contraire, la Bible nous encourage à profiter de ce que Dieu nous donne, en le remerciant. Je vous cite un extrait de Jean Calvin, qui s’oppose à une vision utilitariste de la vie:

Que notre principe soit le suivant: l’usage des dons de Dieu, créés pour notre bien, est légitime s’il est conforme à l’intention du Créateur. Ainsi, si nous considérons dans quel but Dieu a créé les aliments, ce n’est pas seulement pour pourvoir à nos besoins, mais aussi pour notre plaisir. L’écriture souligne la bonté de Dieu; tout ce qu’il a fait est pour le bien de l’homme. Les qualités naturelles de chaque chose nous montrent comment nous pouvons les apprécier, dans quel but et jusqu’à quel point. Pouvons-nous penser que notre Seigneur aurait donné aux fleurs une telle beauté pour l’agrément de nos yeux, s’il n’était pas permis d’éprouver du plaisir en les regardant? Dieu ne nous a-t-il pas donné beaucoup de choses que nous pouvons apprécier, sans en avoir vraiment besoin?

(2) Mais un autre extrême nous guette: celui de vouloir trouver notre bonheur absolu dans ces petits bonheurs. Rien sur cette terre ne peut nous rendre vraiment heureux, nous dit l’Ecclésiaste. Au fond, nous le savons: si nous cherchons le bonheur dans ce que nous possédons, notre illusion s’envole bien vite: dès que nous avons ce que nous désirions, nous voulons autre chose.

À la recherche du vrai bonheur

Nous aspirons tous à quelque chose de plus. LA chose qui nous rendrait vraiment heureux. Pour de vrai, pour de bon. Nous savons qu’elle doit exister, puisque nous y aspirons tous. Mais ces plaisirs éphémères, toutes ces choses ne sont pas ce que nous cherchons car, comme le dit C.S Lewis, l’auteur de Narnia:

Elles ne sont pas LA chose elle-même; elles ne sont que le parfum d’une fleur que nous n’avons pas trouvée, l’écho d’une mélodie que nous n’avons pas entendue, les nouvelles d’un pays que nous n’avons encore jamais visité.

Quelque chose en nous aspire à une fête qui ne s’arrête pas, un endroit où l’on se sent vraiment chez soi, à une relation qui ne nous décevra jamais.
Cette réalité là, l’Ecclésiaste la montre du doigt en disant que « Dieu a mis dans le cœur de l’homme la pensée de l’éternité. » (Ecc 3.11)
Si nous aspirons à plus, c’est que nous avons été créés pour plus. Nous savons, au fond de nous, qu’il y a plus que les réalités décrites aux versets Ecc 3.1-8. Que cette vie sur terre, sous le soleil, ne peut pas vraiment nous apporter ce dont nous avons besoin.

Le vrai bonheur est en Dieu

C’est ce que dit si bien le théologien Jonathan Edwards:

Dieu est le bien suprême de toute créature raisonnable et la joie que nous trouvons en lui est le seul bonheur par lequel nos âmes peuvent être vraiment satisfaites. Frères, mères, maris et femmes, les enfants ou les amis ne sont que des ombres. Mais Dieu est la substance de notre joie. Ce ne sont que des rayons, mais Dieu est le soleil. Ce ne sont que des courants, mais Dieu est la fontaine. Ce ne sont que des gouttes, mais Dieu est l’océan.

Tout ce qui fait notre joie ici-bas n’est qu’un aperçu et un dérivé de notre vraie joie. Si on remonte le courant, on trouve la source de la vraie joie: Dieu. En fait, il n’y a que deux solutions: 1) soit on fait de Dieu la source de notre joie, 2) soit on fait de la source de notre joie notre dieu.

Dieu est la fontaine et la source de tous les biens. Toutes ces choses qui nous réjouissent, même si elles ne peuvent pas faire notre bonheur complètement, peuvent nous réjouir vraiment. Se priver de ces choses, c’est se priver de la grâce de Dieu. Si nous devons craindre Dieu, nous devons aussi profiter de ce qu’il nous donne, en le remerciant. Tout vient de lui et tout est pour lui (1 Co 10.31).

Dieu nous appelle à nous réjouir en lui, et à profiter de tout ce qu’il nous donne, dans sa grâce.

PS: Si tu lis l’anglais, je te conseille le livre de Joe Rigney: The Things of Earth: Treasuring God by Enjoying His Gifts

Matthieu Giralt

Matthieu Giralt est le directeur de ToutPourSaGloire.com. Il est pasteur dans l’Est de la France. Il est titulaire d’un DNSEP de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, et d’un Master de recherche de la Faculté Jean Calvin. Il est le mari d’Alexandra, ils ont deux fils.

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